La châtellenie de Châtelaudren s'étend pour la
partie relevant de Tréguier à la paroisse et seigneurie de Plouagat
et ses trèves, à Goudelin et sa trève, à Ploumagoar et ses trèves, à
Boquého et aux trèves de Plésidy. Dans la ville de Châtelaudren se
trouvent l'auditoire et la prison ; la seigneurie y possède la
cohue, un droit de marché chaque lundi et quatre foires l'an. Les
juridictions de Beauregard-Quintin au Guéméné, dont le château est à
Saint-Clet, la vicomté de Quemper-Guézénnec-Pontrieux-Frinaudour
relevant d'Avaugour en proche et arrière-fief, Goudelin, La
Feuillée, Perrien, Liscoët, Locmaria, Munehore, Villeneuve-sur-Trieux,
Coatcanton à Quemper-Guézennec, Kerdaniel, prétendant toutes à la
haute justice, Malros et Kermartin au nombre des moyennes et basses
justices, sont inférieures à la châtellenie de Châtelaudren.
Sous la châtellenie de Châteaulin-Pontrieux se trouvent Ploézal,
Plouëc, Pleubian avec dans ces paroisses plusieurs seigneuries
relevant prochement et ligement d'elle : La Roche Jagu, Cosquer-Kericuff,
Lisquilly-Briantel, Kerhouarn, Kercabin et Troniou-Kertoupin,
Trogoff, Lestrézec, Kerhos, Réchou, Launay.
La châtellenie de La Roche-Derrien consiste en cette seule ville,
deux villages de Pommerit-Jaudy, Pen Bizien et Kervaudu, et
Kersalliou, haute justice de Pommerit-Jaudy qui est la seule
juridiction dans sa mouvance.
En 1681 la baronnie d'Avaugour conteste ou réserve, mais à tort,
l'exercice de la plupart de ces juridictions inférieures sous le
prétexte qu'elles auraient été usurpées. Outre que la position du
seigneur supérieur paraisse pour le moins excessive, on peut
observer qu'elle n'a guère été suivie d'effets.
Dans toute l'étendue de la baronnie, le baron d'Avaugour est
fondateur, prééminencier et seul seigneur supérieur dans toutes les
églises chapelles et hôpitaux, pour lesquels il a le droit de
patronage et présentation. Se rapportant à La Roche-Derrien, il
possède le droit de lever une coutume de six deniers sur chaque
tonneau de vin entrant ou déchargeant dans le Jaudy, de Tréguier à
La Roche-Derrien. Selon une enquête de 1416-1419, la vicomté de
Quemper-Guézennec et la seigneurie de Léhart sont issues en
juveignerie de la Maison d'Avaugour.
La dévolution : Fils du
comte Alain et héritier du Penthièvre et de Tréguier, le comte
Henry, âgé d'une dizaine d'années, voit Pierre Mauclerc, duc de
Bretagne, s'emparer de la plus grande part de ses possessions vers
1214 ne lui laissant que le Goëllo. Le comte Henry, ainsi réduit à
ne plus disposer que d'un modeste apanage, va prendre dès 1217 le
nom d'Henry d'Avaugour. Le château d'Avaugour, dont le jeune comte a
pris le nom, se dresse sur un éperon dominant le cours du Trieux à
l'extrémité occidentale de Plésidy «au terrouer de Goëllo»,
aujourd'hui Saint-Péver. Né en 1205 le comte de Goëllo, ayant épousé
Marguerite de Mayenne vers 1225, meurt en 1281 au couvent des
Cordeliers de Dinan où il est entré comme novice quelques années
auparavant. Son petit-fils Henry, ou Henriot, marié en 1270 à Marie
de Brienne, dite de Beaumont, recueille l'héritage de son grand-père
en 1278, dont le comté de Goëllo, et meurt en 1301. Henry, troisième
du nom, né vers 1280, épouse en 1306 Jeanne d'Harcourt, dame de
L'Aigle ; il meurt en 1334 en se rendant en Avignon où se trouve le
pape. Leur fille Jeanne d'Avaugour épouse en 1316 Guy de Bretagne,
frère cadet du duc Jean III et mit par lui en possession du comté de
Penthièvre en 1317. De cette union naît Jeanne de Penthièvre, unique
héritière, qui épouse en 1337 à Paris Charles de Blois, prétendant
malheureux à la couronne ducale lors de la guerre de succession de
Bretagne. En 1420 les petits-enfants de Jeanne de Penthièvre,
conduits par sa belle-fille Marguerite de Clisson, fomentent un
complot contre la personne du duc Jean V. L'échec de la conspiration
a pour les Penthièvre des conséquences énormes, puisqu'il aboutit à
la confiscation de leurs seigneuries, dont Avaugour et le Goéllo, ce
qui marque la fin de la Maison d'Avaugour.
François de Bretagne reçoit Avaugour en 1480. Vont ensuite lui
succéder : François II ; François III, mort sans descendance ; Odet,
son frère, ayant épousé Renée de Coésmes ; en 1602 Charles de
Bretagne, époux de Philippine de Saint-Amadour, est cité; Claude,
décédé en 1637, époux de Catherine Fouquet ; Louis, mort en 1669
sans descendance directe ; Claude, son frère, décédé en 1699 ayant
épousé en 1673 Anne-Judith Le Lièvre ; Armand-François, fils des
précédents, mort en 1734 sans s'être marié ; Henri-François, son
frère, décédé en 1746 sans postérité. Claude de Bretagne est baron
d'Avaugour en 1751 puis la baronnie échoit à Marie de Bretagne,
épouse cl'Hercule-Mériadec de Rohan, prince de Soubise. En 1781
Avaugour est à leur petit-fils, Charles de Rohan, maréchal de France
et ministre d'Etat, prince de Soubise et d'Épinay, duc de
Rohan-Rohan, comte de Vertus et Goéllo, baron d'Avaugour, premier
baron de Bretagne, capitaine-lieutenant des gendarmes de la garde
ordinaire du roi, gouverneur des provinces de Flandres et de
Hainaut, gouverneur particulier des ville et citadelle de Lille. A
son décès en 1787 ses enfants, Louis-Henri et Louise-Adélaïde,
héritent d'Avaugour.
Références : 1 E 63, 1 E 1776, 1 E 3374, 1 E 3375, 1 E 3459 (AD 22).
AVAUGOUR (la seigneurie)
Différente de la baronnie, la seigneurie d'Avaugour
s'étend à l'ensemble Saint-Péver et Saint-Fiacre, trèves de Plésidy
jadis nommées «Plésidy entre les deux bois» ou «Plésidy au terroir
de Goëllo». Il est possible qu'elle puisse tirer son origine de la
décision du duc François II en 1469 d'enlever la «seigneurie de
Plésidy et la motte du château d'Avaugour» de la juridiction de
Châtelaudren pour la rattacher au ressort du Goëllo. Cette
seigneurie possède la haute, moyenne et basse justice. Elle s'exerce
sous le comté et baronnie de Quintin et est qualifiée de «premier
membre du duché de Larges» en 1761. En 1783 il apparaît que sa
consistance soit surtout faite de «rentes, chefrentes, redevances et
obéissances plutôt d'honneur que de profit, dont il n'est fait
article... attendu leur modicité...» et de droits de chasse et de
pêche. Le seigneur d'Avaugour est fondateur et patron des églises de
Saint-Péver et Saint-Fiacre.
La dévolution : En 1453
Pierre II fait donation à son neveu Jean de Laval de «la motte et
emplacement du château d'Avaugour» en même temps que des terres de
Beffou et de Belle-Isle. Amaury Gouyon, marquis de la Moussaye,
comte de Quintin, vicomte de Pommerit et son épouse
Henriette-Catherine de La Tour d'Auvergne, princesse de Sedan
acquièrent la seigneurie d'Avaugour en 1637 de Henry de La Trémoille,
pair de France et Prince de Talmont, époux de Marie de La Tour. En
1710 elle appartient à Guy de Durfort, duc de Lorges (1683-1758).
Louis de Durfort (1714-1775), fils cadet du précédent est en
possession de la seigneurie d'Avaugour en 1783. Renaud-César-Louis
de Choiseul, duc de Praslin (1735-1791), maréchal de camp, marié à
Marguerite-Guyonne de Durfort, fille du précédent, succède à son
beau-père.
Références : 1 E 955, 1 E 2355 (AD 22). |