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Christophe Collini est décédé le 11 février 2018 à l'âge de 54 ans

Christophe Collini a reçu la députée dans sa serre

Jeudi après-midi, la députée Annie Le Houérou a rencontré Christophe Collini, maraîcher dans la commune, en compagnie de plusieurs élus locaux, afin de découvrir ses serres et ses plantations.

Depuis cinq ans, Annie Le Houerou, députée, réserve une journée mensuelle aux rencontres avec les acteurs économiques, les élus et les habitants de sa circonscription. Après une visite à la nouvelle épicerie de Goudelin pour échanger sur le commerce de proximité. Elle a rencontré un maraîcher sur Saint-Pever, puis à Lanrodec, elle a assisté aux temps d'activités périscolaires mis en place pour les enfants de l'école publique. Sa journée s'est terminée à Plouagat, avec le comité de pilotage composé d'élus, professeurs et parents d'élèves, qui lui ont présenté le projet de rénovation du Pôle scolaire.(extraits article et photo Ouest-France du 18/03/2017).

Jeudi, au cinéma Arletty et à l'initiative du collectif Cojardinons en Goëlo, un débat était organisé autour du film, diffusé préalablement. Nombreux ont dû être refusés à l'entrée. Une belle réussite.
Entretien

Christophe Collini, chasseur de goût et animateur du débat.

Comment vous définiriez-vous ?

Je suis un utopiste. Je veux tracer ma modeste part de chemin dans l'évolution de l'humanité. Je suis un chasseur de goût animé par la passion de la semence. Nous perdons, à vue d'oeil de nombreuses variétés, en raison du règne de la quantité au détriment de la qualité. La semence est un bien collectif, c'est à l'homme, artisan de la sélection des plantes depuis des millénaires, que l'on doit la biodiversité. Si je suis fasciné par la magie de la semence, je ne me considère cependant pas comme un semencier.

Expliquez-nous...

Je cultive sur deux propriétés, à Saint-Péver et à l'île de Riom, près de 1 440 variétés de semences paysannes non hybrides. Mon ancienne profession (cadre de haut niveau chez Siemens) m'a formaté à l'observation et à l'analyse.


Au premier plan : Rachel Lagière, présidente du collectif et sa fille. Second plan : Thierry Simelière, le maire ; Christophe Collini ; Christophe Laurenge, trésorier ; Carine Faure, responsable du cinéma Arletty ; Victoriat Vivier, membre du collectif et instigatrice de cette manifestation.
(article et photo Ouest-France du 12 sept 2016

Bien équipé en outils informatiques, je réalise, d'une part, un travail de sélection agronomique des semences qui intègre la spécificité de la terre et du climat, et d'autre part, un travail de sélection gustative auquel participent des chefs de la gastronomie. Mes travaux intéressent aussi de nombreux artisans semenciers (Hollande, Angleterre, États-Unis...). Schématiquement, le processus est le suivant : sélection gustative au cours de la première année, sélection comportementale la deuxième année et optimisation de la diversité génétique la troisième année.

Pourquoi avoir choisi le goût comme pierre angulaire de votre engagement ?

Le goût est l'un des sens primaires. Il fait appel à l'intellect. Quand on goûte, on sollicite l'émotion. Elle est la condition du déclenchement du changement. Or, l'émotion est au rendez-vous trois fois par jour, à l'occasion des repas. Je me rappelle la joie de ma grand-mère quand elle offrait le meilleur de sa cuisine, et le remerciement pour elle à nous voir apprécier ce moment festif privilégié. Mon but consiste précisément à ramener ce bonheur de partager le « bien manger ».

Pourquoi soutenez-vous l'action du collectif « Cojardinons en Goëlo » ?

Ce qui m'intéresse, c'est l'échange et le partage précisément. Ce qui m'a interpellé chez celui-ci, et m'a conduit à l'aider (conseils, don de semences, chantier collectif), c'est le côté jardin collectif partagé. Ce projet va dans le sens de la société telle que je la conçois.

           

Dans son jardin, Christophe traque le meilleur


Christophe Collini révèle toutes les saveurs de la courgette en trompette

Ce légumier-semancier cultive son jardin, depuis 7 ans, avec des graines d'utopie. Il garde ce que la nature offre de meilleur. Christophe Collini, sur son étal flamboyant, a des légumes à haute valeur gustative, et aux bienfaits nutritionnels réels ! Il sélectionne, crée ou sauvegarde ce que la nature peut offrir de meilleur. C'est de l'art à l'état pur. Pour les palais avisés et exigeants.

Au marché dès 9 h, les amateurs affluent et déclarent que « c'est un plaisir de faire ses courses ici ». C'est affiché : « 1 438 variétés de semences paysannes non hybrides FI, cultivées selon les principes de biodynamie sur la ferme de Saint-Péver ou de l'île de Riom ». Sur l'étal fleurs délicates et aromates à utiliser en accompagnement : achillée millefeuille, huacatay du Pérou au goût de pamplemousse, cerfeuil anisé, chrysanthème comestible, fleurs de cresson, de roquette, basilique vert ou violet, fenouil bronze, des pensées... On peut grignoter pour découvrir... Des fleurs au goût de pamplemousse...

Au rayon courgettes, parmi 27 variétés, Christophe parle de celle en forme de trompette « elle ne rend pas une goutte d'eau. Elle donne un goût d'amande ou de noisette, dans sa partie renflée qu'on peut savourer crue. Les graines sont là, autrement ce n'est que de la chair délicieuse. Poêlée, en rondelles, avec de l'huile d'olive et des aubergines Kamo, (asiatiques) sans amertume et qui ne retiennent pas l'huile, des tomates et juste de la fleur de sel à la fin, c'est parfait ! » le marché est fait, la recette est donnée ! C'est simple ! Dans le rayon des tomates, dont il a 450 variétés, Christophe en a créé de sublimes, avec des zébrures étoilées, on dirait du dessin, le goût est unique et la texture charnue diffuse bien les arômes au palais.

Christophe « ne travaille qu'avec des chefs, étoilés ou non, qui savent donner le meilleur des choses » qui subliment ses produits. Il vend à des clients en phase avec sa façon de respecter la nature. Son credo « je ne travaille que sur la sélection gustative et nutritionnelle ». Sous son chapeau de cow-boy, l'aventurier cache un passionné généreux, un traqueur de goûts, un passeur lumineux : « des générations de paysans ont travaillé sur toutes ces variétés, en légumes et céréales, en plants cultivés. Faire ces semences c'est maintenir l'indépendance des paysans », Il est administrateur du réseau Semences paysannes en France

À découvrir sur le marché du lundi devant le Bistrot de la marine.- (article Ouest-France du 11/08/2016 - Saint-Quay Portrieux)

           

Pour Christophe, la biodynamie c'est une philosophie

Pourquoi ? Comment ? Qu'est-ce que la biodynamie ?

Pour Christophe Collini, c'est avant tout un état d'esprit avant d'être une technique de travail. Cette dernière, qui ne nécessite aucun recours aux produits chimiques, se réfère aux influences des astres sur la terre. Le maraîcher de Saint-Péver s'appuie alors sur un calendrier précis qui préconise les dates de semences ou de récoltes de différents légumes selon le positionnement de certaines planètes. « Ça permet surtout de rationaliser ma démarche même si je me considère comme un aventurier passionné, voire un fou furieux ! »

S'agit-il seulement de se reposer sur l'influence des planètes ?

Le producteur s'adapte aux sols et aux conditions météo que son calendrier astral n'indique pas. « Si je sens que ce n'est pas le bon moment pour une action ou une autre, je ne la fais pas et inversement. Il faut ressentir les choses et moins les réfléchir. » Sur ces 3 ha et demi de parcelles, l'ancien directeur commercial recherche à présent l'harmonie. « Je lis une à deux fois le calendrier par semaine, mais tous les jours la Bible. »

Est-ce une démarche spirituelle ?

« La biodynamie sert aussi à se rapprocher d'un idéal », précise le maraîcher. Il privilégie l'expérience à la conscience et les proverbes anciens ne lui donnent pas forcément tort. « À la Sainte-Catherine, tout arbre prend racine », cite-t-il en exemple. Pour lui, cette démarche professionnelle se calque parfaitement à sa croyance. « Il s'agit de trouver sa place entre le connu et l'inconnu », soit la terre et ses énergies telluriques ou cosmiques. Sans jamais utiliser traitement ni engrais pour prendre le pas sur la nature. « L'homme doit respecter la nature pour se respecter car il en fait partie et ne doit pas chercher à s'en détacher. »

Ouest-France du 19/04/2012

 

Page extraite de la revue gratuite "Flâneur d'Argoat" n° 13 (Automne 2011)